Une troupe scoute de Bordeaux – l'une des premières de France, au début des années 1920 – s'arrête pour bivouaquer un soir de l'été 1922 sur le plateau du Lienz, au dessus de Barèges, au sortir de la forêt de l'Ayré : pas de route à l'époque, de l'autre côté du torrent  les bergers de Camou habitent encore leurs cabanes d'estive ; saisi par l'enchantement du lieu, le Père Antoine Dieuzayde, aumônier de la troupe, décide de s'y établir...

Ce camp fixe sous tente deviendra peu à peu un point de départ pour des randonnées et ascensions dans tout le massif du Néouvielle, les hautes vallées voisines d'Aure et du Gave de Pau, d'Ordesa, le massif du Vignemale, les vallées d'Arrens et du Marcadau...

Le Père Dieuzayde qui avait très tôt perçu et combattu l'idéologie de l'Action Française de Charles Maurras, a aussi bien vite compris la menace nazie ; pendant la guerre, après l'envahissement de la zone libre, profitant de sa longue connaissance des lieux et du moindre contrôle exercé par les allemands sur Barèges, située à près de trente de kilomètres de la frontière, alors que la frontière et les passages par Gavarnie et Cauterets sont plus étroitement surveillés, il fait du Camp une base de départ pour faire passer vers l'Espagne des juifs, résistants ou aviateurs : en deux journées de marche, le plus souvent de nuit, par le refuge Packe, la Hourquette de Cap de Long, et finalement le port de Barroude. Le camp a reçu à ce titre la croix de guerre. En témoignent la douzaine de noms, de français et anglais, gravés sur un rocher au Camp, qui ont laissé leur vie dans ces actes de résistance.

Après guerre, le Camp a pris de l'extension : à la chapelle se sont ajoutés un chalet (pour l'intendance et la cuisine) un foyer (pour les soirées), puis un réfectoire, des sanitaires... l'habitat se faisant encore sous tente. Une maison familiale s'est crée plus bas, à la lisière du pré Vignolles, puis déplacée et devenue le « Hameau Rollot » qui figure sur les cartes IGN, sur la rive droite du torrent de la Glère.

La pratique de l'alpinisme se développant, le « Groupe Montagne » du camp s'est affilié à la FFM, participe depuis 1965 à des stages de formation d'initiateurs, jusqu'à en organiser un, sous l'égide de la FFM. La fréquentation des massifs pyrénéens s'est encore élargie (de la vallée d'Aspe au Luchonnais, ainsi que vers les massifs espagnols : Posets, Cotiella, Maladetta...)

Seul subsiste aujourd'hui dans l'association le « Groupe Montagne Camp Bernard Rollot », camp d'origine, toujours sous tente (les tentes « marabout » de l'armée américaine ayant laissé place à un matériel plus spacieux et performant  !)


Par Daniel Desouches


Quelques photographies et cartes postales montrant les tentes scouts des années 1930 et les sports d'hiver des années 1950 sur le plateau du Lienz :

 

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